Pourquoi choisir une STAN* plutôt qu'une autre ? Sur les groupes Facebook, on lit constamment des posts demandant quelle est la meilleure ; et on trouve des tas de vidéos Youtube expliquant que celle-ci est la meilleure de l'année,etc...
Mais en fait, la meilleure c'est juste celle qui vous correspond, celle qui vous apporte le meilleur flux de travail (oui, je sais : on dit workflow...) ; et dans ce sens, je préfère les dossiers comme ceux publiés sur le KR d'avril-mai, qui vous expose les qualités des 10 STAN les plus répandues, vous laissant libre de faire votre choix.
Pour ma part, ayant débuté dans l'analogique, je me suis tenu au courant des avancées du numérique tout en le tenant à distance, ne le trouvant pas fiable. Mes premières tentatives d'installation d'une carte audio Turtle Beach sur un pc, fin des années 80 étaient un calvaire, je restai donc fidèle à mon multipistes Tascam... En 1991 j'ai travaillé sur le projet d'un studio d'enregistrement pouvant travailler à distance grâce à l'internet naissant, par le truchement d'une ligne Numéris. J'ai pour cela reçu le support de France Telecom, et c'est à ce moment que j'ai rencontré lors d'un salon les deux créateurs de Samplitude (société Sek'D). Une des premières STAN fonctionnelles (A l'époque il n'y avait que Dyaxis sur le marché, ProTools était en gestation), sur Amiga, avec des interfaces audionumériques séparées, fabriquées spécialement par ce qui deviendra RME. Le projet de studio n'a pas pu être concrétisé, mais mon enthousiasme a poussé Sek'D à me prêter le logiciel et une interface : je me suis retrouvé bêta-testeur pendant un an en 1992 lors de la création de Fazz Productions, ancêtre d'Ursus Studio.
Sam, comme l'appelle, a été un des premiers logiciels travaillant en 32 bits virgule flottante. Un des premiers aussi à proposer le travail en édition non destructive, et à intégrer des réverbs à convolution. C'est là que j'ai découvert l'orientation "objet" de ce logiciel, permettant des choses qu'aucune autre STAN ne permet : inclure des traitements DSP temps réels, internes ou plugins VST à des "objets audio" en plus des effets et traitements déjà insérés sur la piste. De fait, il consomme beaucoup moins de ressources ; je le faisais tourner sur un portable en 1998 quand c'était une utopie pour les autres STANs...
Bien familiarisé avec Samplitude, je me suis retrouvé en 1995 embauché dans une autre entreprise qui avait choisi ProTools. Autre apprentissage d'une STAN devenue standard de l'industrie et avec laquelle j'ai travaillé non-stop jusqu'en fin 2020, acquérant une maitrise indispensable dans ce métier. Mais à la maison, dans mon studio perso, c'était toujours Samplitude, que j'ai continué à utiliser en découvrant des fonctionnalités et caractéristiques qui apparaissaient bien plus tard sur ProTools....
Aujourd'hui, Ursus Studio travaille sur Samplitude, mais je reste toujours en "veille technologique", regardant ce qui se passe ailleurs. Harrisson Mixbus (basé sur Ardour) est très intéressant par son approche "analogique" dans le look et le son ; Cakewalk a toujours eu aussi une place à part avec ses possibilités impressionnantes, une station complète jusques et y compris la surface de contrôle dédiée dans sa version Sonar (Roland). Il réapparaît aujourd'hui en version complète et gratuite et avec toutes ses fonctionnalités...
J'ai découvert Cubase sur Atari dans les 90's, je ne m'y suis jamais fait, même aujourd'hui, malgré son flux de travail assez semblable à beaucoup de STAN du marché. Même chose pour Logic, que je ne trouve pas... logique, tout comme Audition d'Adobe. Nuendo est très intuitif, et son intégration avec les consoles Yamaha (Nuage) en fait une excellente solution. Reaper est incroyable pour le prix. Je ne me suis pas encore plongé dans Live, mais j'y viendrai. Et en ce moment je découvre Studio One qui m'enchante par ses fonctionnalités, son flux de travail, son look, ses possibilités, et que je trouve, par certains aspects, très proche de Samplitude.
J'en oublie, et des excellentes, comme Bitwig, Traktion, FL ou Garage Band, que personnellement je n'ai pas testé ; mais on ne peut pas être partout... :-)
*Je n'emploie pas l'acronyme DAW, que phonétiquement je trouve horrible, et que tout le monde emploie pour se la péter avec des anglicismes... DAW, c'est Digital Audio Workstation. En français : Station de Travail Audio Numérique, ce qui donne STAN ; moins facile pour les jeux de mots, mais plus agréable à l'oreille pour moi...
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