"Entrer en studio"... En voilà une expression qu'on va de moins en moins entendre... Les beaux espaces, la belle acoustique, la "Grande Ecoute", la console géante. On en a tous rêvé. Tout cela a-t-il encore un avenir ?
Le résultat net est qu'aujourd'hui, la plupart des musiciens, pros comme amateurs, ont un studio à la maison. Un home studio (pour une fois le terme anglais est plus sympa). Et je trouve personnellement que c'est une bonne chose car cela permet aussi de libérer la créativité. On n'est plus tenu par des délais, des horaires, des contraintes techniques... Et on a de nombreux exemples de superbes réussites sonores d'albums entièrement enregistrées à la maison (je pense à Billie Eilish, Moby, Beck ou -M-, mais il y en a d'autres). Mais il y a un revers de la médaille : on ne s'improvise pas "ingé son". Avoir de super micros chinois, une STAN à la pointe garnie de 300 plugins et un système d'écoute de précision ne fait pas de vous un expert du son ; la maîtrise de tout cela ne s'improvise pas. Il y a bien entendu des millions de tutos sur le web, des formations disponibles à prix écrasés, des groupes Facebook par centaines... Mais l'intégration de connaissances n'est rien sans l'expérience de terrain, l'affûtage de l'oreille, la pratique de la musique, l'habitude d'entendre les vrais instruments dans un environnement adapté... Et puis il y a les studios pros, dit "commerciaux". Comment résister à ce raz-de-marée d'apprentis ingénieurs du son dont certains vendent le mix 10€, voire même $4 sur Fiverr ou Upwork ?
Certes, il est impossible pour un home studio de rivaliser avec l'espace offert par un studio pro : enregistrer un vrai combo de rock, des instruments acoustiques, une formation classique (même petite), un ensemble choral, demande, au-delà du savoir faire, un espace dédié, une acoustique, une installation de matériel difficilement compatibles avec un intérieur moyen. Mais pour ce qui est de l'électro, d'une prise de voix simple, et pour le mix, voire le mastering, la concurrence est impitoyable. Si la qualité est là, ce qui au bout du compte n'est pas toujours le cas.
Bref, le modèle change, il faut s'adapter, évoluer, se transformer. Les grands studios existeront toujours, grâce à leur acoustique, leur espace, leur matériel vintage, la confiance des "grands" artistes et des maisons de disques et le talent des ingés sons résidents.... Les petits studios s'adaptent. Ils travaillent beaucoup avec les artistes régionaux, à distance grâce à l'internet. Il y a aussi le gros marché de la musique à l'image, du design sonore,
des montages, de la prod radio, etc... Mais beaucoup reçoivent de la part de home studistes des mixes ou des prises de son "à corriger" et dont l'écoute peut être pénible... et la correction impossible. On ne change pas le plomb en or. Il faut de la pédagogie pour expliquer alors qu'il vaut mieux se cantonner à faire de la musique et laisser agir les pros du son...
Une opportunité pour les apprentis ingés son dans leur home studio de s'améliorer, se perfectionner avec le support de techniciens expérimentés. Et pour les aguerris de partager leur savoir et leurs connaissances.
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