J'avais bien dit que je ne ferai pas de video sur le mastering.
Oui.
Mais d'une part, la première réaction de mon entourage et aussi sur cette chaîne a été : "Mais tu en fais, du mastering. Tu as donc bien une méthode ?"
Et d'autre part il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis...
Bon, ne vous excitez pas quand même, je ne vais pas vous faire une grande leçon ni même un tuto sur le sujet, mais juste vous montrer comment j'entreprends la chose, et pour ceux qui le veulent, je mettrai à disposition mon setup dans les commentaires, libre à vous de me dire ce que vous en pensez- et ce que vous en avez fait.
A la question de savoir pourquoi je fais du mastering, c'est d'une part parce que j'ai appris des choses dans ce domaine ; comme je l'ai déjà dit, j'ai fait des formations sur le sujet, et l'expérience aidant, vu qu'on m'en demande souvent, j'ai masterisé des albums et des singles dans des genres divers, du jazz à l'électro en passant par le rock, la pop, etc...
Mais si j'ai osé me lancer c'est aussi parce que je connais mon système (enceintes et local), je sais comment il sonne, je connais ses forces et ses faiblesses, et je peux donc m'appuyer dessus pour travailler.
Bien évidemment, ce n'est pas la cabine de Translab. Mais l'acoustique a été suffisamment travaillée, et pour donner des chiffres : à part une petit accident à 82Hz, la résonnance ne dépasse pas 200ms sur toute la bande passante. Pour une pièce de 9m², ce n'est pas si mal. Mes Focal Shape 65 sont assez précises pour ce travail et sont complétées par un caisson Eltax Atomic 15 qui apporte jusque ce qu'il faut de graves en dessous de la bande reproduite par les Focal.
Et quand je vois des vidéos tutos de mastering faites dans des pièces résonnantes, sans amortissement, et dont les écoutes sont de simples petites Auratone, je me dis que je n'ai pas à rougir.
Je commence donc par écouter les fichiers envoyés, pour m'imprégner de la musique, pour déceler les éventuels défauts, pour discuter sur un même terrain de connaissances, avec les musiciens ou producteurs qui m'envoient leur travail.
Quant à mon setup il est tout simple : sur une piste je mets le fichier à masteriser, ca me permet d'en contrôler le niveau d'entrée dans les effets. Et sur une seconde piste je mets les effets dont j'ai besoin, qui peuvent évoluer selon le projet à masteriser.
Je vais d'abord vous parler de mon setup actuel, sachant qu'il est en perpétuelle évolution. Et ensuite je vous détaillerai un setup entièrement réalisé avec des plugs inclus dans samplitude, gratuits ou pas chers.
Première chose importante : il ne faut pas se laisser tromper par le niveau ; on sait qu'une mini différence de niveau, genre un demi décibel, donnera l'impression que c'est meilleur. Donc j'utilise un plug d'égalisation de niveau qui me permet d'entendre avant et après la chaîne en gardant précisément le même niveau : ABLM de TB Pro Audio, qui a l'avantage de ne pas être cher ; je vous mets le lien en description. Sinon, il y a le plus connu et le plus utilisé, l'ADPTR Audio Metrics AB que je n'ai pas acheté à l'époque car il valait 300€. Allez faire un tour sur le site, le prix a bien baissé.
Je mets ensuite un vu-mètre RMS afin de mesurer le niveau auquel je rentre dans les plugs, à savoir environs -20dB. Pas indispensable, mais utile et surtout très visuel. Et RMS car ce que l'on veut voir, c'est le niveau moyen avec lequel on attaque le traitement. Je vous renvoie à des tutos sur les niveaux si vous ne savez pas exactement ce qu'est un niveau RMS.
On a des pointes à 0dB, voire un poil plus, ce sont elles que nous allons traiter. Mais -20dB en RMS donne une bonne base pour comparer ensuite avec le niveau RMS de sortie. Pour les vu-mètre, vous avez du choix l'embarras ; perso je trouve les vu-mètres à aiguille plus sympas à regarder mais vous savez ce qu'on dit des goûts et des couleurs.
Ensuite commence le traitement proprement dit (compression, égalisation, limiter) et là vous avez le choix, selon si vous voulez de la neutralité, de la couleur (et laquelle), etc.
Perso je commence par égaliser, et là j'utilise une machine redoutable : le Fabfilter Pro Q-3, un égaliseur dynamique permettant de travailler sur les plus petits détails tout en restant d'une totale neutralité, et avec une fonction de phase linéaire qui peut être utile, même si les corrections minimes que l'on fait en mastering ne maltraitent pas la phase.
C'est un gros sujet, la phase, faudra que je vous fasse une vidéo là-dessus un de ces jours. Et notez que l'égaliseur inclus dans Sam a lui aussi une fonction de phase linéaire. A utiliser en mixage ou mastering car ça consomme beaucoup de ressources processeur et engendre une grosse latence.
Pour la compression sur ce projet-là, j'ai mis un Shadow Hills, pour la coloration. En fait, j'entre à peine dans le compresseur, juste pour donner de la couleur. Sur d'autres projets, je peux utiliser d'autres émulations, genre 1176, LA2A, Pulltec, Chandler, etc... Il faut donc bien connaître et appréhender ses plugs, savoir comment ils sonnent, ou comment les faire sonner pour donner la chaleur, la saturation que tout le monde recherche. Les plugs aujourd'hui sonnent très bien et apportent ce son chaud que tout le monde recherche en mode "c'était mieux avant", et prouvant que le numérique quand on le maîtrise peut vous apporter exactement le son que vous cherchez.
Je termine avec un limiteur, qui va donc gommer les pointes et donc permettre d'augmenter le niveau apparent du signal. Comme pour les étapes précédentes, vos oreilles jouent là un grand rôle car je le rappelle, le but du mastering n'est surtout pas de modifier la perception d'un mix qui a été longuement peaufiné.
Et pour vérifier le niveau final je rajoute un autre vu-mètre, toujours calibré en RMS, qui va me permettre d'appréhender le niveau final de ce mastering, qui sur ce vu-mètre ci devrai osciller aux alentours de -12 dB, voire -8 avec les morceaux très denses. et comme vous le voyez, les peaks tapent à peine en dessous du zéro, vous le voyez là, on est à -0.2 au moment le plus fort du morceau, on est donc bien fort, et le jeu est de trouver un équilibre entre fort et dynamique, c'est là toute la difficulté.
On termine par les étapes de contrôle, avec le Tonal Balance Control qui vous indique par rapport à un style ou une référence si votre mix a une bonne balance entre les graves, les medium, les aigus. C'est juste une indication bien entendu, là aussi il faut faire confiance à vos oreilles, mais ça peut vous aider à confirmer un déséquilibre et le corriger. Avec l'habitude, vous verrez quand même que quand un mix est bien fait, il entre pile-poil dans la courbe sans même qu'on ait eu besoin de vérifier au préalable.
Plus importants sont les niveaux, que je contrôle avec un outil formidable : le Nugen MasterCheck. Il me permet de contrôler les niveaux avec une grande précision dans l'échelle voulue (perso j'utilise LUFS ou LKFS), mais ce que j'aime aussi c'est qu'il permet d'entendre en direct les signaux compressés en mp3, aac ou autres, la dégradation que ça engendre, mais aussi de calibrer les niveaux en fonction du format de compression choisi.
Dans tous les cas, je ne m'embête pas à faire un master pour CD, puis un master pour les plateformes (vous savez, le fameux -14 de Spotify). Je mixe à environ -6dB LUFS instantané, avec des true peaks à -01, et je sais que les plateformes appliquent la réduction voulue qand ils reçoivent les fichiers. La seule fois où je fais les niveaux à la demande, c'est pour la télé ou la vidéo, car le plus souvent le client réclame le fichier au niveau adéquat, en l'occurrence -23 LUFS moyen pour la télé par exemple.
Pour toutes ces notions, je vous renvoie là aussi vers les milliers de tutos qu'on trouve sur le web, c'est un vrai chapître qui demanderait une vidéo entière. Je vous ai déjà parlé de la norme EBU R128, je vous laisse la compulser, vous comprendrez pourquoi une formation mastering de 15 jours c'est bien ardu.
Un autre plug très intéressant et très graphique que j'utilise est le Youlean Loudness meter, qui intègre une notion de temps de façon très visuelle et vous permet de voir si votre morceau est dans les clous.
Bref, une fois que j'ai bien travaillé, calibré, peaufiné mes morceaux, j'en fais un rendu, après avoir déconnecté l'ABLM (surtout ne pas oublier), en cliquant ici afin d'obtenir un résultat sur le niveau maximum. un dernier contrôle du niveau afin de savoir si on n'a pas ici ou là une crête que le CD ne va pas aimer ; la saturation numérique étant des plus désagréables.
Si vous voulez commencer à travailler le mastering sans dépenser un sou ou presque, en dehors des considérations acoustiques dont j'ai parlé au début, vous pouvez remplacer dans le setup le Fabfilter Q3 par l'égaliseur dynamique inclus dans Samplitude, ou encore le Nova de Tokyo Dawn.
Remplacez le compresseur par un de ceux inclus dans Sam ; dans ce cas j'ai mis l'AM Pulse, une tranche de console à tubes, pour la couleur. Mais pour ceux qui ont Samplitude Pro Suite, vous avez pas mal de compresseurs inclus comme par exemple la Core FX Suite ; de plus, en termes de plugs gratuits, vous avez du choix l'embarras, avec par exemple le Kotelnikov de Tokyo Dawn qui est très neutre et extrêmement versatile ou le Molot du même fabricant, mais il existe tellement d'émulations de compresseurs colorés qu'en tapant free compressor plugin dans Google, vous en aurez des pages entières ; je vous recommande Analog Obsession pour leurs excellents plugins gratuits d'émulation de machines vintage.
Meme chose pour le limiter d'ailleurs, mais il y a le Core FX suite livrée d'office avec Sam Suite qui contient un limiter d'excellente facture.
Pour la mesure des niveaux, vous pouvez mettre en tête de traitement la visualisation de Sam en cliquant ici, sélectionnez la piste du fichier, et vous avez,le RMS ici.
Et en vu mètre de sortie, je mets ici le TT Dynamic Range meter, qui est gratuit, je vous mets le lien en description. Là aussi vous avez un niveau RMS, et aussi les crêtes, ce qui vous permt de voir de suite où vous en êtes.
Le seul plugin que vous devrez acheter est le le compensateur de niveau, je n'en ai pas trouvé en version gratuite, mais à 49€ il est tout à fait abordable, et même l'ADPTR à 99€ ce n'est vraiment pas cher pour une telle référence.
Et quand je parle de plugins gratuits, certains sont en donationware, ce qui signifie que vous donnez ce que vous voulez en fonction de vos moyens, je trouve que c'est un excellent moyen pour commencer à travailler avant de passer aux stars des plugins.
Voilà, je crois que j'en ai terminé avec ce chapître ; tout ceci est bien entendu une base de travail, qui évolue constamment, selon les plugs qu'on y inclus. Faites vos tests, et on en parle ensemble, on échange nos impressions et nos tricks. Je ne suis pas entré dans les détails en termes de réglages et surtout pour les niveaux, car la vidéo durerait des heures, et ce serait fastidieux. Le mieux, si vous voulez approfondir, est de prendre une formation sur le sujet. On se retrouve très bientôt pour de nouvelles aventures.
Allez, salut maintenant.
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